Celui où on parle soutenabilité, réparation voiture électrique et voyage au ski
Ou comment la décarbonation ne suffit pas à devenir soutenable.
Est-ce qu’une organisation qui communique sur sa trajectoire de décarbonation net Zero est soutenable ?
Voici la question je souhaite adresser aujourd’hui.
Quand on a étudié Jancovici, Keller, Barrau, Parrique, thinkerview et greenletter club, on commence à comprendre les enjeux globaux qui se déclineront en conséquences locales pour l’ensemble des ressources limitées et le vivant qui en profite. On construit une vision systémique des transitions nécessaires. On se rend compte des ordres de grandeur des transformations nécessaires à entreprendre.
Cette ouverture d’esprit permet d’imaginer un futur souhaitable individuel et collectif où nos actes deviendraient soutenables. (coucou Atelier 2030 Glorieuses)
“Si j'avais une heure pour résoudre un problème, je passerais cinquante-cinq minutes à définir le problème et seulement cinq minutes à trouver la solution.” Albert Einstein
Commençons par la définition de la soutenabilité :
Organisation soutenable : Organisation qui participe à répondre aux besoins humains fondamentaux tout en préservant les ressources et en respectant les limites planétaires, dans un souci de justice sociale.
Manfred Max-Neef classifie les besoins humains fondamentaux en 9 chapitres :
Subsistance, protection, affection, compréhension, participation, loisir, création, identité, liberté
Dans cette approche, les besoins humains fondamentaux sont considérés comme des éléments ontologiques (découlant de la condition de l'être humain), peu nombreux, finis (limités) et classifiables, ce qui les distingue de la notion conventionnelle en économie des « besoins » qui sont infinis (illimités) et jamais satisfaits.
Je ne développerai pas ici le fait que les besoins humains sont différents en fonction du pays chaud/froid, du lieu d’habitation ville/campagne, de l’âge… L’empreinte écologique optimale de chacun pourrait alors être différente en fonction de ce type de critères.
Si une organisation a pour raison d’être de répondre à ces besoins et qu’elle arrive à le faire de façon décarbonée, en utilisant des ressources locales renouvelables, elle a toutes les chances de prospérer dans le futur.
Elle utilisera certainement des verbes comme réduire, investir, réutiliser, réparer, partager, mutualiser, collaborer, coopérer, planter.
La réduction de la mondialisation par la baisse de la quantité de pétrole disponible dans les prochaines années (voir cet article) va pousser les entreprises à réfléchir à des modèles économiques privilégiant les ressources locales, à créer des écosystèmes résilients et à réduire leurs dépendances. La longueur de leurs chaines de valeur va également se réduire d’elle-même.
Les entreprises dépendant de produits non disponibles en France seront plus contraintes : nous aurons toujours besoin d’acier pour faire des vélos, des roulements, des rails, des trains… Le haut fourneau pourrait donc être une entreprise soutenable si elle flèche ses produits vers des activités soutenables plutôt que de construire des bateaux de croisière ou des SUV.
Il faudrait également que l’impact écologique de ces produits soit suffisamment faible pour que son bilan carbone prenne une place acceptable dans les émissions résiduelles du pays.
Une entreprise qui fait des vêtements pourra également être soutenable. Une production raisonnée permettant de baisser l’impact environnemental constituera alors un avantage concurrentiel. La quantité globale de vêtements à produire devant baisser, le nombre d’entreprise fabriquant des vêtements sera amené à baisser… pour que l’impact résiduel des produits prenne une place acceptable dans le bilan du pays.(Quand on sait qu’un jean parcours 65000km pour être fabriqué, on se rend vite compte que ce modèle ne durera pas éternellement.)
Pour répondre à la question de départ, hormis le greenwashing induit par cette neutralité présumée, la soutenabilité des organisations ne dépendra pas seulement de leur décarbonation. Le positionnement de leur raison d’être par rapport au bien commun et la quantité de produits à fabriquer pour répondre aux besoins nécessaires viendront au moins à part égales remettre en cause la pérennité de l’organisation.
Quelques idées d’actions soutenables :
Fabriquer et vendre des produits essentiels :
Nourriture adaptée aux ressources disponibles de 2050 (peu d’eau, peu d’énergie)
Transformation de produits avec moins de ressources en groupe que de façon individuelle.
Matériaux de construction locaux (voir le BTP du futur avec Philippe Madec)
Fertilisants naturels et locaux.
Fabriquer des équipements pour fabriquer et vendre des produits essentiels :
Infrastructure industrielle, machines industrielles spécifiques
Quelques idées non soutenables :
Le secteur de la publicité poussant à la consommation
L’innovation sans progrès (passer au numérique pour offrir exactement le même service…)
Fabriquer des logements utilisés 3 mois par an, la maison secondaire
La voiture individuelle
Les services publics à l’américaine (5 tCO2eq/an/pers, en France c’est 1,4 tCO2eq)
Et plus généralement tout activité ou produit qui ne peut pas être passé à l’échelle pour une part acceptable de l’impact écologique du pays.
vous pouvez compléter cette liste en commentaires.
Ma voiture électrique est en panne...
(pour ceux qui ont déjà lu sur linked in, vous pouvez aller à la conclusion)
Il faut avouer que c'est pas facile de faire réparer sa voiture électrique mais j'y suis arrivé:
- Aucun garage privé proche ne s'occupe des voitures électriques
- Mon garage Nissan à Pontivy ne s'occupe pas des voitures électriques
Direction un autre garage NISSAN pour un diagnostique . Après un commentaire du chef d'atelier: "vous devriez changer de voiture...", Je reçois un appel pour me dire que la panne a été identifiée. il faut changer 1/3 de la voiture, toute l'énorme boite de distribution électrique. 6000€
Bien refroidi, j'essaye tant bien que mal de faire comprendre à mon interlocuteur qu'il doit exister d'autres options, comme des pièces de seconde main, changer des composants…
Sans réaction je cherche alors une autre solution plus vertueuse.
Je tombe sur Revolte, e-garages
Un garage d'un nouveau genre où changer les pièces des voitures n'est pas la priorité. La priorité est de faire durer les voitures, optimiser le remplacement des pièces en changeant le moins de composants possibles. Une voiture électrique pourrait durer 100 ans si on pouvait changer uniquement les pièces d'usure.
Réparation faite pour 1600€, petite carte électronique changée: plus de main d'oeuvre, moins de pièces.
Bravo à eux pour ce modèle économique vertueux.
Je leur souhaite du succès dans leur aventure:
- faire durer les voitures
- lutter contre l'obsolescence programmée des pièces constructeurs disponibles en autorisant les réparations avec des pièces diverses.
- Privilégier le temps humain à l'utilisation de ressources.
Conclusion?Si je n'avais pas eu de voiture, je n'aurai pas eu à gérer cette panne: Changer son mode de vie permettra de se libérer de ce type de problème.
La voiture du futur? Si on veut être sérieux, le nombre de voiture sera divisé au moins par 2. Avoir une voiture ajoute 1 tonne de CO2 sur son bilan carbone annuel. Difficile d’être à 2 tonnes en commençant avec cette charge fixe.. Il sera en plus nécessaire de partager les ressources restantes: la voiture du futur sera une petite voiture électrique avec une batterie de moins de 30Kwh permettant de faire 95% de ses trajets. Pour les trajets restants, on peut échanger une voiture avec un ami, et surtout prendre le train. On peut alors partager les ressources et permettre à plus de personnes de conserver une voiture (attention au fameux effet rebond!). (Si vous devez faire plus de 150km/jour, c’est que vous travaillez trop loin de chez vous.)
Pour savoir si vous devez changer de voiture, cet article de blog est fait pour vous.
ODG Carbone: le voyage au ski
Je reprend ici la bonne étude de Bon pote qui nous montre que le principal poste d’émissions pour une semaine au ski sera… le transport comme souvent. Le deuxième poste est le logement: construire des logements occupés 20% de l’année ne fait pas partie des actions qui optimisent l’usage des ressources… Ce qui caractérise particulièrement les vacances aux ski à savoir les équipements et l’usage de la station ne représentent qu’une petite partie de l’impact.
Conclusion: partir au ski c’est comme partir en vacances ailleurs: il faut optimiser le transport et le logement.
Une piste pour réaliser cela est le site Homeexchange.fr: (ça marche moyen pour le ski mais très bien l’été…)
Echanger maison, voiture et équipements pendant les vacances avec des personnes souhaitant faire le chemin inverse:
Surveiller votre maison
Nourrir vos animaux
Economiser les frais de locations de logement
Optimiser l’utilisation des logements et des équipements.
Créer du lien
C’est vertueux à tous les étages. Nous en profitons le plus possible en famille.
Le podcast
A la suite des experts cités au début de cette newsletter, j’ai découvert Vincent Mignerot récemment. Il a des idées très intéressantes sur la façon dont les transitions vont se développer et quelles en seront les conséquences.
Les anciennes newsletters
J’ai remis mes articles les plus aboutis sous ce format si vous ne les aviez pas vu:
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